La poignée d'hommes d'équipage du BIB qui est allée hacker le hackathon dans l'espoir, rétrospectivement vain, de choper le prix du public pour financer les activités du radeau sont de retour après 2 jours de repos mérités et nécessaires. On y allait avec un projet marrant, qui répondait strictement au cahier des charges, et qui était techniquement motivant, intellectuellement plutôt fin, et taillé pour le public évidemment. Et on pense tous dans la Team BIB qu'on a simplement WIN ce truc, et qu'on a POUNED le concours. Bilan.
Mise en bouche
Une dame vraisemblablement importante dans l'agglo, vu qu'on lui a donné un micro pour qu'elle fasse le speech d'ouverture, nous a gratifiés d'une phrase mémorable qui a créé une vague d'hyperventilation à la table du BIB :
"[…] Alors moi hackathon ça me fait penser à hackers (prononcer haqueurz. Ndr), alors j'espère que vous êtes pas des hackers parce qu'il faudrait pas qu'on finisse en prison."
Remarquable.
wikipedia nous dit :
En 1996, la Request for comments 1983 définit un hacker comme une personne qui se délecte de la compréhension approfondie du fonctionnement interne d'un système, en particulier des ordinateurs et réseaux informatiques. Cette dernière définition fait écho à celle utilisée depuis les années 1950 par les radio-amateurs pour qui le hacking est un bricolage créatif visant à améliorer le fonctionnement d'un système.(source wikipedia)
Ça annonce la couleur pour ce qui va suivre pendant 48h.
Juge et participant et gagnant !
Malgré la team très chouette d'organisateurs opérationnels, compréhensifs, prévenants et patients, l'ensemble de la conception de cet événement était plus que biaisé et ce de façon plutôt amateur. Qu'on appelle hackathon une compétition de code avec des thunes à la clef et aucune incitation à utiliser de l'open-source ou du libre, passe encore. Qu'un des partenaires de l'organisation soit une école privée d'informatique, pourquoi pas. Qu'au moins deux des équipes participantes soient issues de cette école, ça commence à faire beaucoup. Donc quand on s'aperçoit qu'un membre du jury fait partie du staff de l'école, on commence à voir rouge dans le registre conflit d'intérêt. Et quand finalement les gagnants du premier prix et du prix du jury sont les équipes de l'école en question, c'en est trop. On avait misé sur un jury qui saurait peut-être réserver sa voix et garder un semblant d'impartialité, on n'est pas déçu, on est super Mort de rire.
Le prix du public-de-stasibook-qui-veut-bien-lâcher-tous-ses-contacts-à-l'agglo-et-à-stasibook-aussi
On avait aussi sous-estimé la perfidie du système de vote pour le prix du public. En effet ce n'est pas vraiment le public qui a voté (ni les internautes comme se gargarise aujourd'hui l'agglo), pourquoi ?
- Il fallait un compte facedebook pour voter, tout le monde n'en a pas, tout le monde n'en veut pas, facedebook n'est pas public. Une fois pour toute : trouvez des solutions qui permettent à tous de voter et qui n'engraissent pas une multinationale étatsunienne.
- Il fallait accepter les conditions d'utilisation de l'application créée pour l'occasion par l'agglo, à savoir partager avec leur compte hackathon : son profil public, sa liste de contacts et sa liste de likes. Ça fait beaucoup. Le community manager s'est ainsi exprimé sur touiteur à l'intention des, légitimement, mécontents : "c'est la configuration des applis facebook qui garantit le moins de problème ;) Je répète, aucune donnée n'est utilisée..."
Quant à la nécessité de passer par la plateforme d'espionnage américain : elle est justifiée comme "[…] requise pour éviter la triche ;) aucune information personnelle ne va être utilisée..."
L'équipage du BIB a fini par trouver AFK la personne qui gérait le "comm managin" de l'événement, un type très sympa (on l'avait compris quand il retweetait nos conneries de mecs "fatigués"), intéressant et curieux, on lui a même fait la primeure d'une démo de notre chouette outil statistique, on n'a pas trollé sur le sujet, car on se disait que peut-être c'était pas son idée. On préfère croire ça car il était vraiment cool.
- Les votes du public avaient une gueule assez bizarre, et en causant avec d'autres team qui connaissaient mieux facebook que nous, on apprend que c'est quand même un peu hackable avec de l'argent ce genre de trucs. Une fois de plus, on préfère croire que personne ne s'est amusé à ça, m'enfin bon.
"Ils" (et facedebook) ont collecté les listes de contacts, "ils" ont encouragé l'utilisation de cette plateforme nauséabonde, personne n'a payé pour avoir du vote. Comme on dit populairement : "La vie de ma mère c'était la seule solution, on va pas déconner avec vos données." Ok.
L'innovation ou la délation, l'audace ou la compétition...
Quelques mots sur les applis qui ont été présentées. Précisons qu'on parle des concepts que les équipes ont développés et non des personnes qui les composaient. Pour clarifier il y avait 4 types de team :
- 3 équipes d'étudiants en info.
- 3 ou 4 équipes de boîtes ou startups de l'IT locale, on n'est pas trop sûr, mais c'était les plus "sociaux", ceux qui nous parlaient à la pause clope, avec qui on a pu échanger, rigoler, bref rencontrer des gens ce qui est, à notre sens, l'objectif de tout bon hackathon qui se respecte, à bon entendeur.
- Une équipe spontanément formée avant l'événement, avec des bons et très cool dedans.
- Et une équipe de dégénérés, apparemment, qui n'apparaîtra sur aucun premier plan des photos et vidéos diffusées par l'orga. Je vous laisse deviner ;)
Un premier point frappe d'emblée, la "gamification", comme certains l'appellent, de cette inutilité qu'est le geste écolo conduit vers des concepts aussi hallucinants que : la compétition/combat entre quartiers sur les gestes écolos, ou la délation des "anomalies urbaines (sic)".
La plupart des autres reprenait des idées d'itinéraires optimisés, de délires de podomètre et autres horaires de tram en temps réel. Rien qui ne nous paraissait pas déjà exister, mais c'est peut être juste nous.
Bref, pour être "environnement mobilité", fallait coller un tramway, en plus c'était "la semaine de la mobilité"© de l'agglo, c'est pas compliqué ! Le truc de la team "last minute" était, à mon sens de graphiste qui n'utilise pas de gestion minutée de mes déplacements et qui ne mesure pas sa trace carbone au quotidien, la plus sexy et qui faisait le boulot de mix trajectoire vélo, bus, tram (et licorne) le plus cool. Moins convaincu par les autres, m'enfin dans l'ensemble les teams ont bossé et ont présenté des trucs solides.
Le règlement c'est le règlement !
On n'a pas cessé de se marrer sur le règlement de type polymorphe récursif de la "compétition". C'est de bonne guerre de se couvrir quand on organise ce genre de truc pour la première fois, et on en veut certainement à personne sur le terrain. Mais le règlement qui s'auto-modifie à discrétion, c'est chaud quand même. Exemple : si vous me trouvez la publication de la liste des membres du jury, due depuis le 14 septembre, je vous paie un atelier nœud coulant au BIB.
Pour ce qui est du projet présenté, il devait être jugé comme "[…] créant une valeur ajoutée culturelle, écologique, technologique, sociale, citoyenne et/ou économique démontrable notamment par comparaison aux développements homologues existants sur le marché ou dans le domaine public (ci-après désignée la "Valeur Ajoutée »), et dont la publication et/ou l'utilisation ne soient pas contraires à la Législation ou la Réglementation en vigueur et/ou à l'Ordre Public."
Ma préférée.
Valeur ajoutée […] citoyenne et/ou économique == check
[…] par comparaison aux développements homologues existants == check, on est les seuls sur ce segment :)
[…] dont la publication et/ou l'utilisation ne soient pas contraires à la Législation == check, je crois que la délation promue par d'autres applis n'est pas légale en France même si elle est populaire...
Ha non pardon, on me glisse par wikipédia qu'en France :
"Au terme de l'article 15-1 de la loi consolidée du 21 janvier 1995 d'orientation et de programmation relative à la sécurité "les services de police et de gendarmerie peuvent rétribuer toute personne étrangère aux administrations publiques qui leur a fourni des renseignements ayant amené directement soit la découverte de crimes ou de délits, soit l'identification des auteurs de crimes ou de délits." Un arrêté du 20 janvier 2006 permet la rémunération des informateurs.
Le "dispositif de participation citoyenne", explicitement inspiré du concept de neighbourhood watch, instauré par circulaire du 25 juin 2011, fait également appel à de tels renseignements.
(http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9lation#La_d.C3.A9nonciation_en_France_aujourd.27hui)
Autant pour moi, cafarder des gens ça va, cafarder des bouts de papier c'est mal vu.
"Ca va être dur après de plus manger à ma faim" : Pwny membre d'équipage BIB au hackathon.
Faut avouer on s'est bien rempli le gosier avec du traiteur cool, et une quantité de café digne de la consommation de la population entière de l'Italie pendant 48h. Dans l'ensemble tout était plutôt confortable, la drogue à la taurine/caféine coulait à flot, et on a pu sereinement boire de la bière quand bon nous semblait, encore merci pour ça c'était pas du tout l'ambiance du reste des teams. Bon on allait jusqu'à écouter le stream quand on ouvrait les bières, le micro de la caméra faisant un delay/écho de 7sec du son charmant de la cannette qui s'ouvre, clicckk pshhhhh. On était fatigué on vous dit :)
On n'a pas résisté à cultiver musicalement l'ensemble en balançant, généralement vers l'aube, "Day-O" de Harry Belafonte dont il nous semblait que le refrain collait fort bien au moment : "Daylight come and me want go home". On aurait pu balancer plus sévère, on étudie le dossier.
Nos tenues d'infirmiers nous donnaient une allure plus que professionnelle, contrairement à notre vocabulaire général de codeurs et graphistes moyennement patients. Les deux codeurs ont été jusqu'à mimer leur difficultés à retrouver la source des callbacks javascript qui était dans un callback qui était... dans un callback... etc.
Le graphiste du BIB est sans doute passé pour un fou dérangé en écoutant en boucle le dernier album de Nightmare on wax, qui je vous le dis, déboîte sa mémé (mieux qu'un tram). Nos accompagnants peluches ont aussi attiré quelques regards de fans, Harry le panda BlackHat, Eric Cartman pour la persuasion, un hippo bleu au cas où, un diable rock'n'roll...
Je passe sur les fous rires sans raison, autre que la fatigue, bref on s'est fendu la poire tout le temps, et pour ça merci aux gens qui ont mené cet événement sur le terrain.
La présentation de OOPS
Voici la vidéo de la présentation avec le son pas terrible du stream, récupéré seul par un fan, ainsi que le flux vidéo sans son récupéré par un autre fan, puis resynchro sous linux, whouuuuuuu (résultat y'a pas de son au début, mais seulement quand on commence notre superbe exposé). Pour faire simple, l'appli permet d'un côté de collecter des dates et points GPS de PV, et de l'autre consulter une base statistique sous forme de cartographie, afin de prévoir les chances statistiques qu'on a de prendre une prune quand on se gare. :)
On voulait faire les "yes men" dans l'introduction qui était relativement sérieuse dans le sens "mobilité, environnement et pouvoir d'achat" jusqu'au dévoilement du concept et du logo. Bon la pression était forte on n'a pas été aussi sérieux que souhaité, en revanche le logo et le concept ont fait forte impression à l'applaudimètre. On a surtout kiffé les jurés qui n'arrivaient ou ne voulaient pas vraiment comprendre et ne réussissaient pas à faire mouche dans leurs questions et remarques. Plus le point final des libristes qui ne les a pas réjouis outre mesure, "de toute façon demain c'est sur github pour tout le monde en licence libre". Le BIB WIN !
présentation de OOPS par la team BIB au hackathon montpellier agglo 2013
http://lebib.org/sites/default/files/hack@thune.ogg
Testez oops (dans les heures de la journée où on peut prendre un PV sinon évidemment il ne trouve pas de stats, bug à traiter :) ) : http://oops.lebib.org
Conclusion
En guise de conclusion, on a le culot de donner quelques conseils aux éminences grises qui ont conçu ce "epitechathon".
D'abord si vous ne voulez pas de hackers participant, changez le nom de cet événement, même s'il est sexy et super hype, il veut dire quelque chose d'assez précis.
La plupart des hackers n'aime pas la compétition mais la collaboration et le partage. Il pourrait être avisé de construire ce genre d'événement, non pas comme une mise en compétition, mais une mise en commun. Nous savons bien que ce n'est pas compatible avec les objectifs de croissance, de valeur ajoutée, d'innovation que la tendance économique libérale dicte à nos édiles locales.
Nous pensons que l'organisation aurait pu, par exemple, doter des prix plus symboliques que pécuniaires, miser davantage sur la reconnaissance du travail des équipes que sur leur rémunération, organiser un objectif commun pour les équipes avec une finalité commune, plutôt que ce panel de recrutement professionnel, enfin éviter l'énorme conflit d'intérêt que nous avons observé et, de fait, subi comme plusieurs autres équipes. On pourrait continuer à imaginer des marathons de code de tous types et toutes finalités. Celui-ci avait une finalité économique, terre à terre, et somme toute politique : "on est les champions de l'opendata, regardez comme nous le valorisons si bien en donnant des prix de 5000 € à des petits jeunes qui peuvent déjà se payer des études dans un établissement privé et qui ont présenté une appli parfaitement superflue". Évidemment les initiatives associatives et indépendantes ça cadre pas. C'est pas grave, on va se débrouiller autrement.
On tient à remercier encore les organisateurs opérationnels qui, eux, avaient compris les règles du jeu et ont tout fait pour que ça se passe nickel.
Donc... à l'année prochaine :) !
L'équipe du BIB au hackathon : deFred, Pwny, "TomB", Adrien(s), T3h N1k0.
C'etait plus une organisation pour faire connaitre l'agglo de Montpellier et leurs écoles qu'autre chose. Du marketing rien de plus ! y'a qu'a voir le nom de l'événement "Hackathon Montpellier Unlimited" "Unlimited" mot marketing à 5 millions d'euros dépensé par l'agglo de Montpellier. De plus organisé par des personnes qui ne comprenent rien dans la culture du hacking, ils surfent juste dans la mode du fablab, hacking, facebook, tweeter, etc .. Des piques assiettes quoi !!
Bref c'est quand même étonnant que vous voulez les soutenir l'année prochaine. Bravo pour votre compte rendu et félicitation quand même pour votre participation.
C'est plus une question de principe, s'ils recommencent un hack@thune et qu'on existe encore, on ira. Faut des hackers dans ce genre de trucs, et j'espère que d'autres nous rejoindront pour changer la face de cet événement (s'il a lieu). On sera ptet un brin moins gentil ce coup-ci, surtout s'ils changent pas un peu la donne en termes de prix du public. Faudrait un prix humour aussi, parce que au delà de "marrante" notre appli est soutenue par une techno de fou, et plébiscitée 2 semaines après par les gens du public, les vrais !